Sanctuary on the Moon : Mais pourquoi envoie-t-on des disques de saphir sur la lune ?

0
18
Sanctuary on the Moon : Mais pourquoi envoie-t-on des disques de saphir sur la lune ?

«Raconter l’histoire de ce que nous sommes, ce que nous savons, ce que nous faisons. » Voilà l’ambition des concepteurs du projet Sanctuary on the Moon, une capsule temporelle qui devrait s’envoler pour la Lune en 2027 dans le cadre des missions Artemis de la Nasa. A l’intérieur, 24 disques de saphir contenant des informations censées représenter « l’essence même de l’humanité ». Toutes les données seront lisibles à l’œil nu ou à l’aide d’une loupe et seront gravées, leur permettant de durer des « millions d’années ». Lancé officiellement le 21 mars, le projet, à l’initiative de l’ingénieur français Benoît Faiveley, réunit des scientifiques, physiciens des particules, astrophysiciens, ingénieurs, artistes, paléontologues, graphistes et artistes.

« Une œuvre d’artwork qui parle de l’humanité »

Si autant de spécialistes travaillent sur le projet, c’est parce que les créateurs de Sanctuary on the Moon souhaitent représenter une diversité de savoirs sur les disques. Concrètement, les cinq premiers, « intitulés “Espace”, Eau”, “Matière”, “Vie” et “Temps”, reprennent l’essentiel de nos connaissances dans leurs domaines respectifs et contiennent des découvertes humaines, de l’artwork, de la culture, des faits académiques, and many others. », détaille Mario Freese, directeur artistique du projet. Les quatre disques suivants intègrent des données sur le génome humain, mâle et femelle, et le dixième est consacré au vivant, afin de montrer « que notre espèce est une infime brindille sur l’arbre du vivant », explique Jean-Sébastien Steyer, paléontologue qui participe au projet.

Le disque

Le disque “Espace” représente différentes connaissances sur l’espace, l’astrophysique ou la physique des particules. - Sanctuary on the Moon

Les disques restants sont consacrés, entre autres, au patrimoine culturel et artistique : références de pop culture comme Home Invader, des motion photos, de la musique, des jeux… Une sélection de plus d’une centaine de web sites de l’Unesco, qui soutient le projet, sera également représentée, ainsi que la Déclaration universelle des droits de l’homme, ou encore 24 langues différentes.

Au centre de chaque disque figurent les bases de la science, comme les notions de masse, de distance, la vitesse de la lumière, le tableau périodique des éléments, ou encore des représentations du corps humain, dont toutes les couches (squelette, système vasculaire, musculaire, peau…) seront visibles par superposition des disques.

Parler aux générations futures

Derrière cette « croisée des savoirs » opt un objectif bien précis, devenu l’une des devises de la mission : « Laisser une price pour le futur dans l’espace, ouvrir une fenêtre sur le présent sur Terre ». Mais laisser une price pour qui ? Si le projet évoque un message « pour d’autres formes de vie intelligentes potentielles » (comprenez des extraterrestres), les concepteurs, à commencer par Benoît Faiveley, se veulent réalistes : « Vraisemblablement, puisqu’on reste dans le voisinage de la Terre, les découvreurs potentiels sont plus nos descendants », indique l’ingénieur.

Les générations futures, même très lointaines, sont ainsi les destinataires principaux de ces plaques, dans une logique de sauvegarde. « Rien ne nous permet d’assurer la pérennité de l’humanité et des données qu’on a sur des data centers à plus de quelques siècles, détaillent les concepteurs. La Lune permet de faire perdurer quelque chose sans qu’il soit altéré. » Jean-Sébastien Steyer, paléontologue sur le projet, y voit ainsi une manière « d’essayer de mieux savoir qui on est pour laisser une price un peu moins éphémère de ce qu’on fait aujourd’hui ».

Réactualiser les connaissances

Sanctuary on the Moon s’inscrit dans la lignée des plaques des sondes spatiales Pioneer 10 et 11, lancées en 1972 et 1973, et du disque d’or de Voyager 1 et 2, lancées en 1977. Benoît Faiveley, à l’origine du projet, est passionné d’exploration spatiale. Originaire de Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or), little ville qui a donné son nom à un cratère lunaire lors de la mission Apollo 15, il est fasciné par la Lune, et « cette passion [l’a] très vite conduit à une lecture qui allait changer [sa] vie à tout jamais : Murmurs of Earth, de Carl Sagan ». Le célèbre astronome américain, concepteur des plaques de Pioneer et du disque d’or de Voyager, y raconte la genèse de ces projets. « J’ai ecu envie de faire pareil et d’en faire une model 2.0, pour nos descendants dans un très lointain futur », explique Benoît Faiveley.

Les concepteurs de Sanctuary on the Moon voient ainsi dans leur projet un moyen de « voir ce qui a été fait en quarante ans », entre ces « vieilles » plaques et maintenant. « L’image de l’univers qu’on a entre aujourd’hui et 1977 n’a rien à voir ! A l’époque, on rêvait de trous noirs, maintenant, on a confirmé leur existence », complètent-ils.

Et si la Lune a été choisie, c’est parce que les hommes entretiennent un rapport très spécial avec elle : « Elle a toujours été dans le paysage, l’humanité a grandi avec la Lune. C’est l’amie la plus fidèle de la Terre, elle est là tous les vingt-neuf jours », décrit Benoît Faiveley.

Une imaginative and prescient « anachronique » ?

Ce projet suscite toutefois des reviews, notamment de la portion de chercheurs en sciences humaines. C’est le cas de Ségolène Guinard, anthropologue spécialiste des imaginaires de la conquête spatiale, qui estime notamment que cette volonté de vouloir laisser des traces est « anachronique ». « On en est justement à un point où on laisse beaucoup trop de traces, avec la air pollution, les microplastiques, les radiations, les concentrations de CO² ou de méthane dans l’atmosphère, la manière dont l’agriculture a modifié les sols… J’ai l’influence que ce genre de projet va complètement à l’encontre du discours écologique », déplore la chercheuse.

Elle estime également que cette mission est « très ancrée dans une culture particulière. Qui se donne le droit de décider ce qu’est une price de l’humanité ? C’est une idéologie très eurocentrée. La mémoire used aussi par des récits, des rituels, par une transmission intergénérationnelle, le discours oral, la communauté… » L’anthropologue juge aussi « intéressant de penser qu’on peut décider de ce qu’on laisse, de notre héritage. Cela va à l’encontre de l’histoire, de l’archéologie, de la littérature et de la philosophie : dès l’instantaneous où vous écrivez quelque chose, vous ne pouvez pas décider à l’avance de ce que les gens vont retenir. Les générations futures vont prendre ces traces et les interpréter à l’aune de leur propre présent. »

Les concepteurs de Sanctuary on the Moon espèrent, à travers leur projet, « créer de la fédération et de l’émotion ». « Il ne s’agit pas de vouloir absolument laisser une price de l’humanité, c’est simplement que l’event se présente. Et puis, laisser une price, c’est une volonté vieille comme l’humanité », conclut Benoît Faiveley.

« Je trouve que c’est critical de se poser en tant qu’humains, en tant que petit grain de sable dans l’humanité, en se disant “voilà ce qu’on sait, et voilà ce qu’on pourra léguer aux générations futures, en bien ou en mal” », renchérit Jean-Sébastien Steyer, qui estime « qu’on devrait faire ça tous les cinquante ans ».

Be taught More

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here