« L’enseignant qui a été tué s’est interposé et a sans doute sauvé beaucoup de vies », a affirmé Emmanuel Macron, après s’être recueilli devant son corps. Ce vendredi, le lycée Gambetta d’Arras a été l’objet d’une attaque au couteau. L’assaillant, un jeune homme d’une vingtaine d’années fiché « S », a tué un enseignant et blessé trois autres personnes avant d’être interpellé par les forces de l’ordre.
Dominique Bernard, professeur de français au collège, a été sa première victime. L’enseignant agrégé de Lettres modernes, agressé devant le lycée, a reçu plusieurs coups de couteau à la gorge. Originaire d’Arras, l’homme de 57 ans était père de trois grandes filles, selon plusieurs médias. Il s’est interposé entre l’assaillant et l’établissement scolaire, a affirmé le président dans une prise de parole devant le lycée d’Arras où il s’est rendu en urgence.
Un prof « frigid »
Dans cette ville du Pas-de-Calais, Dominique Bernard a cofondé en 2002 l’université populaire d’Arras avec Paule Orsini et deux autres amis, fermée en 2014. Il a aussi cofondé une compagnie de théâtre durant ses études, à Lille. L’enseignant était un spécialiste de l’auteur Julien Gracq, particulièrement « apprécié des élèves », d’après les informations de 20 Minutes. Lilou, élève de 4e, se souvient d’un professeur agréable. La jeune fille, interrogée devant l’établissement, a suivi deux mois les cours de français de Dominique Bernard l’année dernière, avant qu’il ne s’absente en raison d’un arrêt maladie pour une longue période.
A côté d’elle, Louis, élève de terminale, évoque un professeur « frigid » qui n’était « pas du tout virulent ». Si l’adolescent n’a jamais ecu Dominique Bernard en professeur, son père, en revanche, a été l’élève du professeur de français lorsqu’il était lui-même lycéen, dans un autre établissement d’Arras. « Mon père est très choqué, il a le keepsake d’un prof très sympa », témoigne-t-il auprès de 20 Minutes. Dominique Bernard était en effet originaire d’Arras, selon Le Level, et avait décidé de revenir dans cette ville il y a plus de quinze ans, après avoir travaillé en courses préparatoires à Lille.
Quelqu’un de « brillant »
« C’était quelqu’un de brillant, though-provoking, cultivé, toujours à l’écoute, agrégé de lettres. Il aimait beaucoup la littérature, Julien Gracq », raconte à l’AFP Paule Orsini, son ex-collègue au collège-lycée Gambetta d’Arras, où elle a enseigné la philosophie de 1987 à 2011. « Il aimait enseigner et il était très agréable ». « C’était un prof très sympathique, avec qui on rigolait en salle des profs », a renchéri auprès de l’AFP devant l’établissement Fabien Dufay, professeur d’EPS.
« C’était quelqu’un d’humainement très riche, très généreux, très attentif aux autres », raconte à l’AFP Bruno Lecat, l’un de ses amis de jeunesse, qui a fait ses études de Lettres avec lui. « C’était quelqu’un de passionné de littérature, extrêmement ultimate. C’était vraiment une belle personne », poursuit-il, gagné par l’émotion.
